Lawson-Wade: “En 2000, on avait pas assez profité des JO”

La meneuse des Bleues revient en long, en large et en travers sur le parcours olympique de la France et la médaille d’argent.

Ladyhoop : Alors comment s’est passé ce retour en France ?

Edwige Lawson : On a eu deux soires de suite et on arrive dans le train, c’est comme une boîte de nuit. Champagne, musique, maquilleuse… Le retour en train était dans la continuité de l’ambiance aux JO. C’était la folie. Arrivé à Gare du Nord, c’était incroyable, sur les Champs, c’était incroyable.

Ladyhoop : Vous ne vous y attendiez pas du tout ?

E.L. : On nous avait prévenues. On nous avait dit ‘Attention, ça va être génial. Attention il va y avoir du monde. Mais on ne peut pas imaginer ce que c’est jusqu’à ce qu’on y soit.

Ladyhoop : Toi qui a également vécu les JO de Sydney en 2000, comment tu compares ces deux olympiades ?

E.L. : C’était complètement différent. On n’a pas vécu la compétition de la même façon. En 2000, on était trop concentré sur le basket, là on a vécu les J0 à 200%. On a assisté aux autres disciplines. La natation, la finale de 100m en athlé… On a surfé sur cette vague Jeux Olympiques et ça nous a porté jusqu’en finale. Après, d’avoir fait 2000, ça nous a aidé à gagner 2012. Pas dans le sens où j’avais vécu Sydney mais parce que le coach avait l’expérience. Pierre Vincent est quelqu’un de très intelligent et psychologue. Il s’est renseigné auprès des joueuses pour savoir comment s’était passé les Jeux en 2000, ce qu’il fallait changer. On a été plusieurs à lui dire qu’on n’avait pas assez profité des JO. Donc lui a fait en sorte qu’on en profite, il nous a laissé beaucoup de liberté et ça a porté ses fruits. A l’époque, on se disait qu’il ne fallait pas se déconcentrer mais en fait, c’est carrément l’inverse. Assister à la course d’Usain Bolt, ça ne peut que te motiver.

Ladyhoop : Vous avez passé plus de trois mois ensemble avec le tournoi qualificatif. On vous a vu monté en puissance. Tu penses que sans le TQO, les choses auraient pu être différentes ?

E.L. : Oui tout à fait. Le TQO nous a fait progresser collectivement. On n’avait jamais aussi bien joué en attaque. On a toujours été une équipe défensive mais on avait du mal à marquer les points. Alors que là on a développé du très beau jeu offensif.

Ladyhoop : L’un des points forts de l’équipe de France est son secteur intérieur. Pourtant sur le tournoi, les extérieures ont terminé meilleurs marqueuses.

E.L. : Notre réussite à l’extérieur, on la doit à nos intérieurs sans aucun doute. C’est parce qu’elles dominent tellement dans la raquette qu’on a eu nos ouvertures. La défense adverse était basée sur notre jeu intérieur et ça nous a libérées en périphérie. Quand on regarde bien nos matchs, Céline, Emilie ou moi-même, nous avons beaucoup de shoots ouverts. La réussite et notre médaille, c’est parce qu’on a ses intérieures-là.

Ladyhoop : Toi qui a joué avec les plus grandes joueuses genre Diana Taurasi, Sue Bird ou encore Lauren Jackson, qu’as-tu pensé de l’énorme performance de Céline Dumerc ?

E.L. : C’est incroyable ce qu’elle a fait. Faut le faire de jouer à niveau très très élevé. Mais ce qu’il y a de fou, c’est qu’elle a gardé ce niveau toute la compétition. C’est bien de faire un ou deux matchs mais elle a été régulière et on lui doit beaucoup sur ce tournoi.

Ladyhoop : Céline a été constante mais on a aussi vu plusieurs émerger tout au long du tournoi.

E.L. : La force de l’équipe, c’est qu’elle est constituée de bonnes joueuses capables de faire de très bonnes perfs. Endy est une superbe joueuse depuis des années en Euroleague, là elle nous a fait un match de fou en quart de finale. En équipe de France, on brille moins individuellement parce qu’on est dans le partage. Mais l’exploit d’Emilie contre l’Australie, c’est ouf. Dans le 3ème quart temps, c’est Emilie qui bat l’Australie. On doit être fière des joueuses qu’on a en équipe de France.

Ladyhoop : Tu as quitté l’équipe de France depuis quelques années et il a fallu un moment de t’y revoir. Tu t’attendais à ça ?

E.L. : Je savais que l’EDF était forte, même quand je l’ai quitté. Je savais qu’elle avait de beaux jours devant elle. Maintenant je ne m’attendais pas à une finale olympique. Je savais qu’on pouvait être dans les 4-5 premières mais de là à être deuxième. C’est trop bien, je suis trop contente d’être revenue.

Ladyhoop : Tu penses que cette médaille va changer les choses pour le basket féminin français ?

E.L. : C’est clair que ça va changer. Ça ne va pas être radical mais on va être un peu plus regardée. C’est petit à petit qu’on se construit donc on prend tout ce qu’il y a à prendre.

Ladyhoop : La prochaine étape, c’est l’Euro 2013 qui est organisé en France. Vous allez clairement être l’équipe à abattre.

E.L. On va être favori, je n’ai pas peur de le dire, je l’assume. C’est normal que notre objectif soit d’être championne d’Europe. Ça va être difficile, on n’aura pas le droit à l’erreur mais avec la compétition qu’on a fait cet été à Londres, on ne peut pas se cacher.

Ladyhoop : A la fin de la remise des médailles, on t’a vu parler un moment avec Diana Taurasi. Qu’est-ce que vous vous êtes dites ?

E.L. : Dee m’a félicité. Elle m’a dit qu’on avait vraiment incroyablement joué et que j’avais apporté à cette équipe. Et puis à l’américaine : « I love you » et tout. On s’entend très bien. C’est une joueuse incroyable qui connaît le basket sur le bout des doigts et qui respecte le basket européen.

Ladyhoop : Quel va être ton programme de vacances ?

E.L. : Je vais retrouver mon mari à San Antonio où il coache en WNBA. On reprend le 3 avec Montpellier et je rentre le 2 (rires). Pour le moment je n’y pense pas trop mais on a une belle équipe avec Montpellier. On veut refaire une belle saison.

Photo : Ann-Dee Lamour